Le théâtre « Dakh » et l’ethno-chaos band « DakhaBrakha » présente la pièce Le Roi Lear de Vlad Troïtskiy au théâtre Monfort à Paris du 28 novembre au 7 décembre 2012, du mardi au samedi à 20h30.
Lieu : Le Monfort theatre, 106 rue Brancion 75015 Paris – 01 56 08 33 88
durée 2h15 avec entracte
mise en scène Vlad Troitskyi
avec Natalka Bida, Daria Bondareva, Dmytro Iaroshenko, Roman Iasynovskyi, Ruslana Khazipova, Dmytro Kostiumynskyi, Tetyana Vasylenko, Solomiia Melnyk, Volodymyr Minenko, Anna Nikitina, Igor Postolov, Vyshnya, Zo
musiciens DakhaBrakha Marko Halanevych, Iryna Kovalenko, Nina Garenetska, Olena Tsybulska
masques Natalia Marinenko
lumière Mariya Volkovaproduction Centre of Contemporary Art «DAKH»
production déléguée Théâtre Vidy-Lausanne, coproduction Festival Passages Metz.
Vlad Troïtskiy, l’homme qui participe au renouveau de la culture ukrainienne contemporaine, a créé une magnifique pièce artistique expérimentale, Le Roi Lear. C’est plus qu’une simple pièce de théâtre, c’est un spectacle visuel et musical qui nous emmène ailleurs, fait perdre la notion du temps et du lieu.
Le metteur en scène s’est inspiré du prologue du Roi Lear de Shakespeare et le spectateur retrouve le roi et ses trois filles au centre de l’histoire. Le roi promet de partager son royaume et donner la plus grande part à celle qui montrera le plus de preuves de tendresse. Les deux sœurs aînées vantent leur amour, mais sa préférée Cordélia reste en retrait et sera chassée du royaume. Les deux diablesses de sœurs ne tarderont pas de bannir leur père peu après.
Cette histoire est interprétée à merveille par les acteurs portant des masques inspirés du théâtre japonais dont les expressions figées donnent des frissons. Le dialogue est absent. La musique de l’ethno-chaos band DakhaBrakha (« donner et prendre » en ukrainien ancien), créé par Troïtskiy en 2004, nous ensorcelle, nous envoûte par ses magnifiques voix et instruments (accordéon, violoncelle, percussions diverses). Le chant en ukrainien, ruthène, anglais, russe accompagne les mouvements des acteurs, leur gestuelle mesurée au centimètre près et accordée à la lumière et à la musique.
Le premier acte introduit les personnages principaux , les trois sœurs en robes de mariées, le roi et son bouffon dans une scène plutôt moderne qui évoque l’Ukraine de nos jours : un bar, des rencontres, une fête bien arrosée, des danses suggestives, de la cocaïne jetée par le roi-rappeur à ses filles hypocrites, son bouffon et autres lèche-bottes… Et la Mort un peu fatiguée qui n’arrive plus à trouver ses victimes. Le décor change pour le deuxième acte avec une Ukraine rurale, sombre, hors du temps. Et là encore, des rites païens étranges liés à la Terre, des costumes ethniques nous font penser aux films de Paradjanov. Le roi trahi est banni devient une marionnette de son propre bouffon. La musique, les efforts surhumaines de Lear dans son désespoir, les dernières danses et gestes des personnages, tout va crescendo.
« Je ne supporte pas le théâtre qui tente de me divertir », dit Vlad Troïtskiy. Son théâtre « Dakh » (« toit », en ukrainien) ne nous divertit pas, il fait réfléchir aux sentiments, à la mort, à la notion du temps, à la vie actuelle en Ukraine. Le théâtre ukrainien et l’Ukraine doivent prendre l’exemple de « Dakh » et être en même mouvement et dynamisme que cette pièce.
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Source photo trois soeurs: http://www.lemonfort.fr photo article: Erika