Noël en Transcarpatie

Joyeux Noël!

Permettez-moi de vous présentez ma région natale, la Transcarpatie, séparée du reste de l’Ukraine par la chaîne des montagnes, les Carpates. Le fait que la Transcarpatie a des frontières avec quatre pays européens (la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie, la Pologne) donne une population multinationale et donc, un mélange des traditions, assez proche de la culture occidentale. Ainsi, le réveillon de Noël est célébré par les catholiques (romains) et les protestants le 24 décembre (d’après le calendrier grégorien) et le 6 janvier par les orthodoxes et les gréco-catholiques (d’après le calendrier julien).

Bethlehem à Khoust, photo MaryanaL

Noël, ainsi que Pâques, constituent les deux fêtes les plus célébrées en Transcarpatie. Les traditions sont nombreuses, mais on retrouve souvent celle du bethlehem, une allégorie de la Nativité. L’aspect ludique, festif et rituel attire tous les chrétiens de la région qui participent joyeusement à la procession. Le bethlehem représente une église avec une crèche et c’est une véritable pièce théâtrale préparée par des jeunes qui font le tour de leur village ou leur quartier.

Les bethlehems plus anciens datent du XVIe siècle et viennent de la Tchécoslovaquie, mais de nos jours vous trouverez les représentations en hongrois, en roumain ou en polonais. La tradition et la pratique du bethlehem a été défendue pendant l’époque soviétique, mais aucune interdiction ne l’a faite disparaître. Les anciens participants ont su transmettre la bonne tradition aux jeunes d’aujourd’hui qui la prennent au plus sérieux. Les répétitions commencent tôt, un mois avant Noël, car il faut préparer les costumes, les masques, répéter les kolyadki (chants de Noël), écrire ou réajuster le scénario, confectionner ou réparer le bethlehem.

Ainsi, le 24 décembre au soir et les 2 jours suivants (ou le 6, 7, 8 janvier), le bethlehem apparaît dans les maisons annonçant la bonne nouvelle de la naissance du petit Jésus. Le spectacle met en scène le Vieux (Dido), les anges, le diable, les bergers, les rois, la vieille. Dido est le personnage principal, car c’est un vieux sage qui, suivant l’étoile de Bethlehem a amené les bergers jusqu’à la crèche où est né Jésus. Dido est un personnage qui fait peur, mais les enfants adorent ses habits colorés et ses friandises. Les anges sont souvent les plus jeunes participants. Les scénarios sont assez variables : plus religieux ou vraiment humoristiques ; le choix des kolyadki varie aussi.L’argent recueilli est souvent donné à l’église et les friandises, les mandarines et les noix, indissociables aux fêtes de fin d’année, partagées. Les familles sont heureuses d’accueillir le bethlehem, et c’est vraiment à ce moment qu’on sent le début des festivités qui durent souvent trois jours !

Khoust
Khoust

Les groupes d’enfants, de jeunes, de célibataires faisant la cour de sorte aux jeunes filles, parcourent aussi les maisons bien chauffées en chantant les kolyadki. Une tradition dit que la demeure sera heureuse si c’est un homme qui demandera en premier la permission de chanter les noëls. Les kolyadki en Transcarpatie retrouvent leurs origines chez les voisins européens. Chaque ville, chaque district a ses chants qui se rapprochent plus au moins à celle du pays de l’autre côté de la frontière et créent des mélodies et des paroles splendides à la gloire de Dieu (religieux) ou à la gloire des maîtres de la maison (profanes).

Noël, cette fête chaleureuse, rapproche les membres des familles, comme preuve, la moitié de notre équipe partira rejoindre ses proches en Ukraine ! L’hiver blanc ukrainien avec ses traditions en direct fera concurrence à la pluie parisienne, mais nos traditions plus fortes que jamais.

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Sources photos :
www.zakarpattya.net.ua, www.panorama-mukachevo.com, MaryanaL
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