Le cinéma ukrainien à Paris

Le Festival « Un état du monde… et du cinéma » au Forum des images (jusqu’au 14 novembre inclus) rassemble de plus en plus de curieux du cinéma dont le cinéma ukrainien. Un état du monde, des états d’âme, de nouvelles visions garanties.

Dès le début de la rétrospective ukrainienne, J’aime l’Ukraine suit les séances et les invités depuis des fauteuils confortables du Forum des images. Les Chevaux de feu de Paradjanov pourrait être une belle découverte pour les amoureux des Carpates, du peuple houtsoul, du son de trembita, du réalisme ethnographique et de l’avant-garde cinématographique pour son époque (1964). Maïdan de Loznitsa raconte l’histoire des événements récents à Kyïv, filmée par la caméra observatrice de l’opérateur. La Terre outragée ou La Désintégration nous parlent de la catastrophe de Tchernobyl, l’erreur humaine qui a bouleversé des vies. Il y a aussi The green jacket, thriller psychologique violent ou Le Scandale Paradjanov sur la vie du célèbre réalisateur d’origine arménienne. The Tribe est encore un film violent, rude, sans regrets qui nous fait pénétrer au milieu des sourds et muets qui dirait-on, sont devenus immunisés contre tout sentiment profond.

Monsieur Jean-Yves de Lepinay, directeur de la programmation du Forum des Images, a accepté de répondre à nos questions:

– Comment est venue l’idée d’inclure les films sur l’Ukraine dans votre programme?

Le Festival « Un état du monde… et du cinéma » se propose de questionner le monde – les situations géopolitiques, les enjeux sociaux,… – grâce au regard des cinéastes.
En effet, la force du récit et de l’imaginaire est de nous faire percevoir les complexités des êtres et de leurs relations, loin de ce que véhiculent parfois les images de l’actualité immédiate et les échanges sur les réseaux sociaux.
Chaque année, nous choisissons pour notre festival plusieurs zones géographiques ou plusieurs thématiques qui sont au cœur de l’actualité immédiate, et que les œuvres cinématographiques sont à même d’éclairer.
La situation actuelle en Ukraine correspond parfaitement à cet enjeu : le cinéma ukrainien, en effet, porte depuis longtemps l’expression de la nation ukrainienne, dans une dialectique continue avec les situations successives de ses relations avec la Russie.

– Est-ce important de prendre en considération les événements récents sur Maïdan pour parler de l’Ukraine et de son cinéma?

Bien sûr, mais il est plus important encore de comprendre comment les événements récents s’inscrivent dans un temps plus long, tout comme il est important de ressentir quelles complexités traversent ces mouvements.

– D’après vous, quel est l’avenir du cinéma ukrainien et quelles sont ses chances de trouver une place dans le cinéma européen ou mondial?

Le cinéma ukrainien a déjà une place dans l’histoire du cinéma mondial, avec les œuvres géniales de Dovjenko, Naoumov, Illienko, Mouratova, mais aussi les soviétiques Dziga Vertov, Bondartchouk,… et enfin Paradjanov.
Il est bien sûr difficile de savoir si les conditions économiques et politiques seront réunies pour donner une chance aux jeunes cinéastes de poursuivre sur cette voie, mais ce que nous découvrons aujourd’hui de leurs œuvres témoigne de leur aspiration à s’exprimer et de leur talent.

– Comptez-vous d’aider les Français à découvrir les jeunes cinéastes ukrainiens et de passer des anthologies de films ukrainiens dans vos programmations?

Nous n’avons pour l’instant pas d’autres projets que cette petite rétrospective, mais c’est la vocation de notre institution de présenter au public parisien le cinéma du monde entier, aussi bien en exposant le patrimoine qu’en proposant des avant-premières ou des films inédits. Nous sommes bien entendu vigilants pour découvrir les prochaines œuvres créées par les cinéastes d’Ukraine.

– Y a-t-il eu une découverte pour vous personnellement lors de la sélection de films?

« Maïdan » n’est pas à proprement parler une découverte, même si la première vision a été un choc. C’est aussi le cas pour « The Tribe ». Si je dois évoquer un « coup de coeur », ce serait le film de Mikhail Belikov « La Désintégration », grand film désabusé sur le mensonge et la corruption qui mine le pays au moment de la catastrophe de Tchernobyl.

– Quel est votre vœu à adresser aux jeunes talents du cinéma (re)naissant ukrainien?

Le seul vœu que puisse faire un spectateur de cinéma aux cinéastes, jeunes ou moins jeunes, c’est qu’ils puissent trouver les moyens de faire leurs films ! Nous avons senti qu’ils se battent pour y parvenir coûte que coûte. Ils peuvent s’appuyer pour cela sur une grande tradition du cinéma, il me semble qu’ils ne doivent pas l’oublier.
Mais l’autre vœu que je pourrais formuler ne s’adresse pas aux cinéastes ukrainiens, mais au public français : j’aimerais qu’il reste curieux de toutes les cinématographies du monde, et en particulier de celles qui, comme en Ukraine, portent l’expression des peuples qui luttent pour leur identité et leur liberté.

Cinéphiles ou juste curieux, découvrez des films cultes ukrainiens sur nos pages et n’hésitez pas à réservez vos places pour les dernières séances du festival! Bonne découverte!

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Sources images:
http://www.dvdclassik.com/
http://www.allocine.fr/article/
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