Les Chevaux de feu

Les Chevaux de feu (Les ombres des ancêtres oubliés) est un film de Sergueï Paradjanov d’après une nouvelle de Mykhaïlo Kotsioubynskyi.

C’est un film qui cache bien de trésors. Un film classique qui séduit toutes les générations et toutes les nationalités. Un film hors du temps et de l’espace. Un film mystérieux. Un film ethnographique et poétique. Un film sur la beauté des sentiments, purs et sincères, la beauté des paysages ukrainiens des Carpates, la beauté des traditions houtsoules, la beauté exceptionnelle des femmes, la beauté de la tragédie.Paradjanov - Chevaux feu--4

Sergueï Paradjanov a tout fait pour rendre son adaptation de la nouvelle homonyme de Kotsioubynskyi la plus authentique possible et il avoue qu’il voulait « restituer cet univers dans sa beauté première, débarrasser la « vision » populaire de tous les fards du musée. » Pradjanov a séjourné avec son équipe dans les Carpates, choisi Ivan Tchendeï, écrivain de la région de Transcarpatie, comme scénariste et Ivan Mykolaïtchouk, né dans la région de Tchernivtsi, comme acteur principal.

Au centre, l’histoire d’amour tragique de Maritchka et Ivan, histoire d’amour de toute la vie, mais séparée par la mort. Cette dernière est omniprésente dans le film et dirige les héros dès le début jusqu’à la fin du film. On l’imagine comme un des personnages du folklore qui s’incarne tantôt en fou du village en hiver, tantôt en chèvre qui emmène Maritchka à la mort, tantôt en sorcier.

Paradjanov - Chevaux feu--2On découvre et redécouvre aussi les rites et les traditions du peuple houtsoul, ce peuple des montagnards, fiers, solitaires et entêtés vivants comme un peu à l’écart du reste de la population. Vertèpe en hiver, la messe, le mariage, les funérailles, les trembites des bergers, chaque rite s’emplit d’un sens particulier et véridique et il n’y a que la mort qui semble capable de le perturber. La majestuosité et la grandeur des Carpates y ajoute un caractère presque magique et on se sent absorbé par la verdure et la hauteur des arbres, on se croit en piège, sans issu. Tragédie shakespearienne, histoires des sorciers de Gogol, réalisme magique de Marquès, tout y est si vous vous laissez porter…

La caméra mobile de Youriï Illienko nous enivre et entraîne dans sa danse, nous trouve une place invisible à côté des héros pour assister à ce réalisme houtsoulien.

Paradjanov - Chevaux feu--3Les Chevaux de feu (Tini zabutykh predkiv)
URSS – 1965
Réalisation: Sergueï Paradjanov
Scénario: Ivan Tchendeï
d’après: la nouvelle Les Ombres des ancêtres oubliés
de: Mikhaïl Kotsioubinski
Image: Youriï Illienko
Montage: M. Ponomarenko
Musique: Miroslav Skorik
Production: studio Dovjenko (Kiev)
Interprétation: Ivan Mykolaïtchouk (Ivan), Larissa Kadotchnikova (Maritchka), Tatiana Bestaeva (Palagna), Nikolaï Grinko (Vatag, le berger), Leonid Engibarov (Miko, le muet), Spartak Bagachvili (Youra, le sorcier)…
Durée: 1h37

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Sources photos:
http://drorlof.over-blog.com/article-l-art-de-paradjanov
http://www.poetryclub.com.ua/
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