A l’écoute de la vérité

Cet article est consacré aux témoignages et il va être mis à jour régulièrement.
Vous y rencontrerez des Ukrainiens qui sont en Ukraine. Ils partagent avec nous ce qu’ils ont vu, entendu, ressenti.

Oui, ils habitent de deux côtés de Dnipro, ils parlent les deux langues mais ils sont frères et sœurs par leur nation !
Nous ne cherchons pas la même opinion, les mêmes impressions, nous partageons ce que les Ukrainiens vivent ces derniers jours.
L’Ukraine est grande. Les influences politiques et médiatiques n’étaient pas les mêmes partout. Et cela n’est pas par hasard. Bien évidement, il était plus facile de contrôler un peuple guidé.

Mais il est temps de parler, d’échanger, de se rencontrer, de prouver que l’influence politique ne pourra pas diviser une nation. Puisque cette nation réclame la même chose, elle réclame la démocratie et les droits de l’homme tout simplement. Et c’est en discutant, en partageant, en témoignant que nous pouvons mieux nous comprendre. Et cette règle est valable en toute société, en commençant par la famille et finissant par un Etat.

Actuellement, le peuple ukrainien a obtenu une première victoire. Une victoire très grande et précieuse. Mais le chemin vers la paix et la vérité n’est pas terminé. Il faut être uni, il faut prendre de bonnes décisions.

Voici le témoignage de Maria qui nous raconte les événements du 18 février. Juste avant la chute du pouvoir corrompu.
Maria est née et a grandi à Kharkiv. Depuis quelques années elle vit et travaille à Kyïv.

19.02.2014 – 20h49 « Je décris mes impressions de ce que j’ai vu et entendu. Hier (18.02.2014), après que les attaques ont commencé à Kyïv et le métro a été arrêté, plus aucun moyen de transport ne fonctionnait. Nous avons eu la permission de quitter notre bureau (au centre-ville) une heure plutôt afin de pouvoir nous rendre à la maison. Beaucoup de personnes ont essayé d’appeler le taxi mais les opérateurs ne répondaient pas. Nous nous sommes réunis par des petits groupes en fonction de notre direction. J’ai marché jusqu’à la place de Cirque en espérant d’y trouver un bus. Mais la place a été bouchée par les voitures et les gens se plaçaient sur la route également en essayant de repartir. J’ai décidé de rentrer à pied, d’autant plus que je ne devais faire que 9 km, je n’habite pas très loin. J’avais peur que cela pouvait être dangereux mais les gens marchaient par des colonnes, très très nombreux et tous dans la même direction…
A Kyïv, nous ressentons beaucoup la révolution, une inacceptation complète du pouvoir politique. Et je le comprends parfaitement. Ils ont transformé les Ukrainiens en esclaves. On ne se sent en sécurité nulle part – ni dans la rue, ni au commissariat de police, ni chez nous-même. Tout le monde essaie de se rendre « transparent » et vis-à-vis du pouvoir en premier lieu. On ne retrouve plus le code d’honneur sans parler de la loi…

J’ai été appelée aussi par les proches et les amis de Kharkiv. Ils n’ont pas la même opinion sur les événements et cela me déséquilibre. Si à Kyïv tout le monde a le même point de vue – la haine contre le pouvoir et le soutien à presque 100% des activistes, à Kharkiv ils sont aussi méfiants envers le pouvoir qu’envers les activistes ou plutôt l’opposition qui les encourage. A Kharkiv, les gens qui vont chaque jour au travail et savent que leur région accorde les subventions pour une grande partie de l’Ukraine ne comprennent pas comment on peut quitter sa maison, sa famille et aller manifester…
Ils demandent pourquoi nous n’avons pas attendu les élections afin de décider de tout. Pourquoi les écoles doivent être évacuées à cause des feux… Kharkiv est assez proche de la Russie et ne s’attache pas à l’accord avec l’Union Européenne…

Je soutiens à 100% ceux qui sont en colère contre le pouvoir. Je suis infinitivement reconnaissante aux personnes qui malgré le froid restaient paisiblement sur Maidan, chantaient notre hymne et espéraient de changer notre pays pour nous tous. J’ai très mal au cœur pour ceux qui ont perdu leur vie et pour leurs proches. Mais la violence ne peut pas résoudre les problèmes et laisse les douleurs. J’essaie de comprendre tout le monde. On va rester fort et prier, au nom de notre Ukraine et de tous nos proches ».

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Source:
Témoignage de Maria, traduit du russe par MaryanaD
Source photo:MaryanaL
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