Soirée littéraire avec Yaroslav Melnyk

J’aime l’Ukraine n’a pas pu manquer la nouvelle rencontre littéraire avec Yaroslav Melnyk. Pour ceux qui n’ont pas pu venir:

Nos remerciements particuliers à Oksana Mizerak du Club littéraire ukrainien qui est toujours là pour présenter un nouveau livre de Yaroslav Melnyk. Cette fois-ci, la soirée a été entièrement en français (et oui, Yaroslav parle librement 4 ou 5 langues!), modérée par Irena Karpa, écrivaine, musicienne, responsable des questions culturelles auprès de l’Ambassade d’Ukraine en France.

L’ambiance chaleureuse, l’écrivain touché par la salle remplie de ses lecteurs, ses amis qui sont venus le voir à Paris, quoi demander mieux pour remonter le moral après une longue journée bien chargée?

Pour ceux qui ne connaissent par Yaroslav Melnyk, un petit post est juste ici. Ce soir, nous, spectateurs, lecteurs, admirateurs, nous ne connaissions pas tous l’histoire de cet “enfant” du Goulag. Une histoire qui paraîtra peut-être un jour sur des pages imprimées que l’on feuillètera de nouveau et de nouveau, que l’on racontera comme ces histoires que notre grand-mère nous racontait les soirs d’hiver. Ah oui, l’histoire… L’ironie du sort veut que le père de Yaroslav a été condamné par le régime stalinien à cause d’un livre. L’Histoire de l’Ukraine de Hrouchevsky. Le livre qui est devenu une des premières références de nos jours. Au Goulag, son père a rencontré sa mère, ils se sont aimés. Staline a aidé ses parents à se connaître. En dépit de l’histoire.

Le nouveau livre de Melnyk, Macha ou le post-fascisme a paru il y a un mois en Ukraine et malgré son ton osé (mention 18+), il a été dévalisé des librairies ukrainiennes. Comme Nabokov, Melnyk a écrit Macha en deux langues: en lituanien (il vit en Lituanie depuis 30 ans déjà où le livre est paru en 2013) et en ukrainien. Si le troisième Reich, rêvé par Hitler, avait existé pendant mille ans, vers quoi aurait évolué sa société? Les gens cultivés, comment ils peuvent faire des choses affreuses? Qu’est-ce qu’un être humain? Est-ce juste un corps? Ou plus? Au XXIXe siècle, les néo-nazis sont au pouvoir, la race inférieure, les stors, sont devenus leurs animaux domestiques. Le héros principal tombe amoureux de Macha, un de ces animaux, il est chassé de la société et part avec Macha se réfugier chez les opposants dans les montagnes qui vivent nus. Notre héros et Macha font pareil. 

C’est un roman d’idées écrit à deux degrés, le premier est bien actuel avec l’extrême gauche et l’extrême droite qui sont votés de plus en plus en Europe. On regarde les autres (SDFs, étrangers, handicapés, homosexuelles, gens d’un autre statut social que nous, ceux qui gagnent moins) d’en haut, d’une manière hautaine. Mais d’où vient cet autre regard? On crée notre identité envers l’autrui, inférieur à nous.

Melnyk nous dit que la menace fasciste est bien actuelle. En URSS, il y a eu une propagande que nous avons connue. De nos jours, les Ukrainiens de la Crimée subissent une propagande semblante de la part de la Russie (pub, chaînes russes, radio, messages,…). Les Russes qui viennent à Donbass considèrent les Ukrainiens comme des sous-humains. Il y a aussi des islamistes radicaux. Churchill a dit à l’époque: “Un fasciste viendra et va s’appeler un anti-fasciste”. Une idéologie impose et modèle nos cerveaux, la société nous ridiculise. Des fois, on s’en rend pas compte. Enfant, je voulais être pionnier (un grade de collégien soviétique qui devient ensuite komsomolets pour rejoindre le parti communiste) et j’étais déçue de la chute de l’URSS pour ça…

Mais Melnyk est aussi romantique et il est persuadé que l’amour nous amène envers la vérité. Il y a toujours un espoir dans ses livres. L’âme humaine est sans limites et nous surprend tout le temps.

Oles Pliouchtch nous a lu un magnifique extrait du livre traduit par ses soins. Une traduction fine, légère, profonde, avec des mots soigneusement sélectionnés que l’on ressent par tous les pores de notre corps, il nous a emmenés dans cet univers fantastique qui a l’air d’exister quelque part très près: dans une autre dimension, dans nos rêves, …


Photos: Erika Dan pour J'aime l'Ukraine

 

Total
0
Shares
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.