Il y a un peu plus d’un an, l’Ukraine a connu ces premiers héros de Maïdan, la Centurie céleste. Les Ukrainiens leur ont rendu hommage avec l’hymne-requiem « Un caneton nage sur la Tysyna » (« Пливе кача по Тисині », « Plyve katcha po Tyssyni »). Le 24 août 2014, pour fêter la Journée de l’Indépendance, la chanson a été comprise dans le programme officiel lors de la parade des Forces armées ukrainiennes.
« Plyve katcha » est une chanson populaire de lemky (lemkos), groupe ethnique habitant l’est des Carpates, plus précisément l’actuelle région de la Transcarpatie. La chanson a une origine littéraire. L’auteur de l’œuvre poétique est un écrivain et traducteur Vassyl Grendja-Donskiy, né en 1897 à l’actuelle Mijhirya en Transcarpatie. Il est surtout connu comme un des fondateurs de l’Ukraine Carpatique (Карпатська Україна), proclamée en 1938 à Khoust comme une république autonome faisant partie de la Tchécoslovaquie jusqu’en 1939 quand les forces hongroises avec le soutien des Allemands l’ont envahie en mettant fin à son existence.
Le style et le sujet du texte est très proche d’un oeuvre populaire, où il s’agît d’un recru qui fait ses adieux à sa mère, d’une admission de la malédiction maternelle et comme suite, la mort dans un pays étranger.
Quant à la « tysyna », il existe plusieurs versions. Une d’elle parle de la rivière Tyssa en Transcarpatie. Certains linguistes trouvent des racines avec le mot latin « teus », « calme ». On évoque aussi la signification d’une source d’eau étroite, une eau calme donc.
La tradition ukrainienne dit qu’un caneton, un canard symbolise une force maléfique, une « anti-force » qui provoque ainsi la mort du fils.
Interprétée le 21 février 2014 en mémoire des héros de Maïdan par le groupe Picardiyska Tertsiya, la chanson correspond plus que jamais à ce que ressentent les jeunes combattants ukrainiens, leurs mères, leurs proches, le peuple en général. C’est un adieu douloureux suite au choix inévitable, mais pas facile à accepter…
Voici quelques extraits en français:
Un caneton nage sur la Tysyna
Oy, le caneton nage sur la Tysyna
Maman, ne me gronde pas (bis)
Si je meurs dans un pays lointain (bis)
Qui va creuser ma tombe ? (bis)
Les étrangers m’enterreront,
Oy les étrangers m’enterreront,
Est-ce que tu ne le regretteras pas maman ? (bis)
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Sources:
http://vikna.if.ua/news/ https://storify.com/lysdeschamps/ http://life.pravda.com.ua/society/2014/02/23/153583/
En 2015, la radio suisse romande a fait une émission de radio de 7 jours non-stop, jours et nuits (3 animateurs se relayaient). Cette emission, qui se donnait depuis un studio extérieur, était filmée sans cesse.
Jai demandé à la radio de passer cette chanson et j’ai pu expliquer ce qu’elle représentait dans le coeur des ukrainiens. Au moment où elle est passée, tous les passants qui étaient dans la rue se sont arrêtés pour écouter (je l’ai vu, c’était filmé ) et l’animateur avait les yeux humides. Il a dit « chanson très prenante… tout le monde s’est arrêté dehors « .
Chaque fois que j’écoute cette hymne je suis bouleversé et ému car j’étais sur la place Maïdan le matin même des premiers tirs. L’apres-midi jetais2dans l’avion pozr rentrer chez moi.
Merci pour ce site.